
Il était une fois une entreprise qui « maîtrisait totalement » son informatique. Cela se faisait à trois niveaux :
-la Direction Générale indiquait des orientations stratégiques du genre : « être multi fournisseurs », « acheter le matériel en toute propriété » ; ou encore : « respecter telle norme ou réglementation » ou bien « industrialiser les processus » , « baisser les coûts de x% »…
-la Direction Informatique avait sa propre politique conforme à cette stratégie. Cela concernait le renouvellement de ses matériels et logiciels, les choix technologiques, les compétences des ressources humaines. Elle optimisait techniquement et financièrement ses moyens techniques, elle faisait évoluer ses personnels selon les tendances technologiques. Elle maîtrisait avec des ressources pointues internes les technologies majeures du moment.
-les opérations, aussi bien en développement de logiciels qu’en exploitation étaient réalisées par du personnel de l’entreprise des services informatiques dans des locaux informatiques de l’entreprise. Ces opérations suivaient les orientations de la Direction Informatique et les Directives de la Direction Générale. Tout allait bien.
Un beau jour, une Direction Opérationnelle, démarchée directement par un fournisseur, a décidé d’acheter un progiciel complet avec son matériel et ses périphériques. En effet, la baisse des prix fait passer cette acquisition sous le niveau fatidique pour lequel la Direction Opérationnelle a le pouvoir de décision. Par ailleurs, les progrès techniques permettent d’installer lesdits matériels dans un bureau. Et enfin, la Direction Informatique contactée sur ce sujet n’a pas donné de réponse compréhensible.
Les années passent et l’on constate les évolutions suivantes :
- Les Directions Opérationnelles se dotent de plus en plus de solutions clés en main, qui petit à petit commencent à poser des difficultés : il faut faire évoluer ces solutions, il faut rester jusqu’à 22h le vendredi pour les sauvegardes, cela devient lourd ! Par ailleurs des outils de type L4G ont permis de petits développements maison qui sont très utiles mais qu’il va falloir maintenir. Certaines Directions créent alors de fait leur propre informatique autour de ces quelques développeurs qui connaissent ce qu’ils ont fait. Si l’on ajoute à cela la problématique des PC et postes de travail, le pas vers une Informatique locale s’occupant des PC et des applications L4G est vite franchi.
- La Direction Informatique s’isole de plus en plus sur ses matériels et logiciels avec des pratiques rigoureuses ; vue de l’extérieur, elle apparaît comme vieillie, peu pertinente et coûteuse, on lui en demande de moins en moins et cela coûte toujours pareil ! Elle peut alors être le siège d’une petite révolution : il va falloir qu’elle explique sa valeur ajoutée, il va falloir qu’elle apprenne à se vendre !
- La Direction Générale ne perçoit pas le phénomène dans toute son ampleur tout de suite. Elle a tendance à donner la liberté aux Directions Opérationnelles.
Question : cette société n’a rien « outsourcé » officiellement. Mais sommes-nous encore en présence d’une société qui « maîtrise totalement son informatique ? » à suivre…